J’ai eu le plaisir d’animer une formation sur « les bonnes pratiques de la sanction » auprès des professionnels de la Ligue Havraise les 30-31 mai et 1er juin, exerçant en IMPRO, FAM, Foyer d’Hébergement. Cette formation a donné lieu à de nombreux échanges et questionnements.
La réflexion éthique dans les ESSMS est un moyen de garantir la qualité des pratiques
Peut-on sanctionner un adulte ? Une personne en situation de handicap est-elle capable de comprendre le sens des lois ? A quoi servent nos règles ? Quelle posture adopter face à la transgression ? C’est quoi être citoyen ?
Nos échanges, lors de cette formation, a permis de (re)positionner la personne accompagnée dans ses responsabilités de citoyen capable de comprendre, quand on prend le temps de lui expliquer, le sens des lois et des règles du vivre ensemble. N’est-ce pas là, la véritable question pour faire société, une société inclusive ?
Charles Gardou, anthropologue, la définit ainsi :
« Une société inclusive est une société sans privilèges, exclusivités et exclusions ».
Une société inclusive donne sa place à chacun de ses membres et une société inclusive démocratique est censée garantir à ses membres l’égalité en droits et en devoirs.
Nous travaillons quotidiennement à garantir les droits de toutes les personnes que nous accompagnons dans les ESSMS mais n’oublions pas aussi de leur garantir l’accès aux devoirs. Permettre à chacun d’assumer sa part de responsabilité dans les choix qu’il fait, dans les comportements qu’il adopte, c’est contribuer au développement de son autodétermination, c’est montrer à la personne accompagnée qu’elle est mon égale. Est-ce que je la considère comme mon égale quand j’accepte ou j’excuse qu’elle injurie ou frappe, qu’elle vole ou casse ? Est-elle mon égale quand je décide pour elle ou que je la prive d’une liberté d’agir ou de réfléchir ?
Placer la personne accompagnée en responsabilité d’assumer les conséquences de ces choix ou de ses actes, d’apprendre et de s’approprier les codes sociaux est fondamentale. Quand je la prive de cette possibilité sous prétexte de la (sur)protéger, ne suis-je pas alors, inconséquent ?
La réflexion éthique dans les ESSMS est un moyen de garantir la qualité des pratiques
Il ne suffit pas de porter des valeurs et de les décliner dans un projet associatif, d’établissement ou de service pour que celles-ci s’incarnent dans les pratiques. Il faut garantir des espaces réflexifs partagés par les professionnels, les cadres et les membres des conseils d’administration. C’est ensemble que nous devons questionner la dimension éthique afin qu’elle garantisse la mise en oeuvre de pratiques bientraitantes de l’accompagnement inclusif et démocratique.
Si cela vous intéresse, nous pouvons y réfléchir ensemble, soit à partir d’une formation, soit d’un accompagnement à la mise en place d’un comité d’éthique

Merci pour cet article inspirant et stimulant sur un sujet à la fois sensible et essentiel dans nos pratiques professionnelles. La question de la sanction dans les ESSMS, et plus largement celle de la posture éducative et citoyenne, mérite effectivement une réflexion profonde. Il est tellement juste de rappeler que reconnaître la personne accompagnée comme sujet de droit, c’est aussi lui reconnaître des devoirs — et donc une capacité à comprendre, à choisir, à assumer.
En tant que cadre en ESMS, je suis convaincue que cette réflexion éthique collective est indispensable pour faire évoluer les postures et garantir un accompagnement réellement inclusif. L’idée de ne pas infantiliser les personnes en situation de handicap, de leur permettre d’accéder à la responsabilité sans les surprotéger, m’interpelle particulièrement. Cela soulève aussi des enjeux concrets dans la gestion des équipes : comment soutenir les professionnels face à la complexité de ces situations ? Comment les amener à sortir d’une logique punitive sans tomber dans la permissivité ?
Dans ce contexte, en quoi suivre une formation sur « les bonnes pratiques de la sanction » peut-elle concrètement outiller les professionnels pour adopter une posture à la fois éthique, éducative et bientraitante ? Quels retours avez-vous observés chez les participants après ces journées de formation ?
Je suis curieux d’en savoir plus, notamment sur les outils ou démarches proposés pendant la formation. Ce sujet mérite vraiment d’être approfondi collectivement, merci encore pour ce partage !